Faits et chiffres : Mettre fin à la violence à l’égard des femmes
La disponibilité des données sur la violence à l’égard des femmes et des filles s’est considérablement améliorée ces dernières années, et on dispose désormais de données sur la prévalence des actes de violence conjugale pour au moins 161 pays. Afin de mieux comprendre l’importance des données pour le travail que mène ONU Femmes sur la prévention et la gestion de la violence à l’égard des femmes et des filles, veuillez consulter notre page sur la recherche et les données.
- La violence à l’égard des femmes et des filles facilitée par la technologie
- Le changement climatique et la violence à l’égard des femmes et des filles
- Fémicides/féminicides
- La prévalence de la violence à l’égard des femmes et des filles
- Les effets de la pandémie de COVID-19 sur la violence à l’égard des femmes et des filles
- Le signalement des violences faites aux femmes
- Les lois sur la violence à l’égard des femmes et des filles
- Les facteurs de risque de violence à l’égard des femmes et des filles
- Le coût économique de la violence à l’égard des femmes et des filles
- La violence sexuelle à l’égard des femmes et des filles
- La traite des femmes
- La violence à l’égard des filles
- Les mutilations génitales féminines
- La violence à l’égard des femmes dans la vie publique
- Notes
La violence à l’égard des femmes et des filles facilitée par la technologie
- L’absence de définition commune de la violence à l’égard des femmes et des filles facilitée par la technologie se traduit par un manque de données comparables au niveau mondial. Toutefois, les données collectées aux niveaux national et régional confirment des taux de prévalence élevés.
- Dans l’Union européenne, une femme sur dix a été victime de cyberharcèlement depuis l’âge de 15 ans, notamment en recevant des courriels et/ou des SMS sexuellement explicites non sollicités et/ou à caractère offensant, ou des avances offensantes et/ou déplacées sur des réseaux sociaux [1].
- Dans les États arabes, une étude régionale a révélé que 60 pour cent des utilisatrices d’Internet dans la région avaient été exposées à la violence en ligne au cours de l’année écoulée [2].
- En Ouganda en 2021, près de la moitié des femmes (49 pour cent) ont déclaré avoir été victimes de harcèlement en ligne à un moment ou à un autre de leur vie [3].
- Selon une enquête réalisée en 2016 par la Commission nationale des droits humains de la Corée du Sud, 85 pour cent des femmes ont été la cible de discours de haine en ligne [4].
Le changement climatique et la violence à l’égard des femmes et des filles
- Le changement climatique et la lente dégradation de l’environnement exacerbent les risques de violence à l’égard des femmes et des filles en raison des déplacements, de la pénurie de ressources et de l’insécurité alimentaire, ainsi que de la perturbation de l’accès aux services aux survivantes.
- Après le passage de l’ouragan Katrina en 2005, le taux de viol parmi les femmes déplacées dans les parcs pour caravanes a été multiplié par 53,6 par rapport au taux de référence pour la même année dans le Mississippi, États-Unis [5].
- En Éthiopie, le nombre de filles vendues dans le cadre d’un mariage précoce en échange de bétail pour aider les familles à faire face aux conséquences de sécheresses prolongées a augmenté [6].
- Le Népal a connu une augmentation de la traite des êtres humains, passée d’environ 3 000 à 5 000 personnes par an en 1990 à 12 000 à 20 000 par an après le tremblement de terre de 2015 [7].
Fémicides/féminicides
- En 2022, environ 48 800 femmes et filles dans le monde ont été tuées par leur partenaire intime ou d’autres membres de leur famille. Cela signifie qu’en moyenne, plus de cinq femmes ou filles sont tuées toutes les heures par un membre de leur propre famille.
- Alors que 55 pour cent des féminicides sont commis par des partenaires intimes ou d’autres membres de la famille, seuls 12 pour cent des homicides sont commis dans la sphère privée [8].
La prévalence de la violence à l’égard des femmes et des filles
- Dans le monde, on estime que 736 millions de femmes – soit près d’une sur trois – ont subi au moins une fois des violences sexuelles et/ou physiques de la part d’un partenaire intime, des violences sexuelles en dehors du couple, ou les deux (30 pour cent des femmes âgées de 15 ans et plus). Ce chiffre ne tient pas compte du harcèlement sexuel. Les taux de dépression, de troubles anxieux, de grossesses non planifiées, d’infections sexuellement transmissibles et de VIH sont plus élevés chez les femmes qui ont subi des violences que chez celles qui n’en ont pas subi, de même que de nombreux autres problèmes de santé qui peuvent perdurer après la fin des violences.
- La plupart des violences contre les femmes sont perpétrées par le mari ou le partenaire intime actuel ou passé. Plus de 640 millions de femmes âgées de 15 ans et plus ont subi des violences de la part d’un partenaire intime (26 pour cent de cette tranche de population).
- Près d’une adolescente sur quatre âgée de 15 à 19 ans ayant eu une relation de couple (24 pour cent) a subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou d’un mari. 16 pour cent des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont subi cette forme de violence au cours des 12 derniers mois [9].
Les effets de la pandémie de COVID-19 sur la violence à l’égard des femmes et des filles
- La pandémie de COVID-19 a intensifié la violence à l’égard des femmes et des filles et a également révélé et exacerbé de profondes inégalités structurelles, inversé des décennies de progrès en matière de participation des femmes au marché du travail, accru le nombre de femmes vivant dans l’extrême pauvreté et alourdi le fardeau des soins non rémunérés et des tâches domestiques, autant d’éléments qui aggravent les facteurs de risque et les moteurs de la violence à l’égard des femmes et des filles.
- En 2021, depuis le début de la pandémie, 45 pour cent des femmes ont déclaré qu’elles-mêmes ou une femme de leur entourage avaient subi une forme de violence à l’égard des femmes et des filles. Sept femmes sur dix ont indiqué qu’elles pensaient que les violences verbales ou physiques de la part d’un partenaire étaient devenues plus courantes ; et six femmes sur dix ont le sentiment que le harcèlement sexuel dans les espaces publics s’est aggravé [10].
Le signalement des violences faites aux femmes
- Moins de 40 pour cent des femmes qui subissent des violences demandent de l’aide sous une forme ou une autre. Dans la majorité des pays pour lesquels on dispose de données sur ce sujet, la plupart des femmes qui demandent de l’aide se tournent vers leur famille ou leurs amis, et très peu d’entre elles sollicitent les institutions officielles, telles que la police et les services de santé. Moins de 10 pour cent de celles qui demandent de l’aide font appel à la police [11].
Les lois sur la violence à l’égard des femmes et des filles
- Au moins 162 pays ont adopté des lois sur la violence domestique et 147 disposent de lois sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Toutefois, même lorsque de telles lois existent, cela ne signifie pas forcément qu’elles sont toujours conformes aux normes et recommandations internationales, ni qu’elles sont mises en œuvre et appliquées.
- En 2022, la République du Congo et la Côte d’Ivoire ont adopté une législation pour protéger les femmes contre diverses formes de violence domestique, et la République du Congo, l’Indonésie et la Jamaïque ont adopté une législation sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, qui prévoit des sanctions pénales et des recours civils [12].
Les facteurs de risque de violence à l’égard des femmes et des filles
- Une analyse régionale des enquêtes sur la santé des femmes menée dans cinq États membres de la CARICOM – Grenade, Guyana, Jamaïque, Suriname et Trinité-et-Tobago – de 2016 à 2019 a révélé que les femmes âgées de 15 à 64 ans qui ont déjà vécu en couple avec des hommes ayant des attitudes et des comportements qui renforcent la position dominante des hommes sur les femmes et perpétuent les inégalités entre les sexes étaient plus susceptibles d’avoir subi des violences conjugales au moins une fois dans leur vie. Les comportements destinés à contrôler le corps des femmes, leur autonomie et leurs contacts avec les autres sont également fortement corrélés à un risque accru de violence conjugale [13].
Le coût économique de la violence à l’égard des femmes et des filles
- La violence contre les femmes peut entraîner des coûts importants pour l’État, les victimes/survivantes et les communautés. Les coûts sont à la fois directs et indirects, tangibles et intangibles. Par exemple, le coût des salaires des personnes qui travaillent dans les abris est un coût tangible et direct. Les coûts sont supportés par tous, y compris les victimes/survivantes, les auteurs de violences, le gouvernement et la société en général.
- Au Viet Nam, la somme des dépenses personnelles et des pertes de revenus représente près de 1,41 pour cent du produit intérieur brut (PIB). Plus important encore, les résultats de la régression basée sur l’estimation de la perte de productivité due à la violence indiquent que les femmes victimes de violence gagnent 35 pour cent de moins que celles qui n’en sont pas victimes, ce qui représente une autre ponction importante sur l’économie nationale [14].
- En Égypte, on estime que 500 000 jours de travail sont perdus chaque année en raison de la violence au sein du mariage et que le secteur de la santé supporte plus de 14 millions de dollars de coûts pour ne soutenir qu’un quart (600 000) des survivantes [15].
- Au Maroc, le coût total des violences physiques et/ou sexuelles à l’égard des femmes a été estimé à 2,85 milliards de dirhams (environ 308 millions de dollars) par an [16].
- En 2021, le coût de la violence basée sur le genre dans l’ensemble de l’Union européenne a été estimé à environ 366 milliards d’euros par an. La violence à l’égard des femmes représente 79 pour cent de ce coût, soit 289 milliards d’euros [17].
La violence sexuelle à l’égard des femmes et des filles
- Dans le monde, 6 pour cent des femmes ont révélé avoir subi des violences sexuelles de la part d’une personne autre que leur mari ou leur partenaire. Néanmoins, la prévalence réelle de la violence sexuelle par un non-partenaire est probablement bien plus élevée, si l’on tient compte de la stigmatisation particulière qui est liée à cette forme de violence [18].
- 15 millions d’adolescentes dans le monde (âgées de 15 à 19 ans) ont été forcées d’avoir des rapports sexuels. Dans la grande majorité des pays, ce sont les adolescentes qui sont les plus exposées au risque de relations sexuelles forcées (rapports sexuels ou autres actes sexuels forcés) de la part d’un partenaire actuel (mari, conjoint, petit ami) ou ex-partenaire. D’après les données issues de 30 pays, seul 1 pour cent d’entre elles se sont tournées vers les services d’aide professionnelle [19].
La traite des femmes
- En 2020, sur 10 victimes de la traite des êtres humains détectées dans le monde, environ quatre étaient des femmes adultes et deux étaient des filles. La plupart des victimes détectées de la traite à des fins d’exploitation sexuelle (91 pour cent) sont des femmes. L’analyse des affaires judiciaires montre que les femmes victimes sont soumises à des violences physiques ou extrêmes de la part des trafiquants, dans une proportion trois fois plus élevée que les hommes [20].
La violence à l’égard des filles
- Au cours de la dernière décennie, le taux mondial de mariage d’enfants a diminué. La proportion mondiale de jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans qui ont été mariées avant l’âge de 18 ans a diminué de 19 pour cent, passant de près d’une sur quatre en 2010 à presque une sur cinq en 2022. Toutefois, les effets profonds de la pandémie menacent ces progrès ; on estime en effet que jusqu’à 10 millions de filles supplémentaires risquent d’être mariées enfants au cours de la prochaine décennie en raison de la pandémie [21].
- La violence scolaire basée sur le genre est un obstacle majeur à la scolarisation universelle et au droit des filles à l’éducation. Dans le monde, un élève sur trois âgé de 11 à 15 ans a été persécuté ou harcelé par ses camarades au moins une fois au cours du mois précédent, avec une probabilité égale pour les filles et les garçons.
- Si les garçons sont plus susceptibles que les filles de subir des brimades physiques, les filles sont davantage exposées au risque de harcèlement psychologique. Elles déclarent subir des moqueries au sujet de leur visage ou de leur corps plus fréquemment que les garçons [22].
Les mutilations génitales féminines
- Au moins 200 millions de femmes et de filles âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines dans les 31 pays où se concentre cette pratique.
- En Afrique subsaharienne, une femme ou une fille sur quatre a subi des mutilations génitales féminines, mais les niveaux varient fortement d’un pays à l’autre.
- Il existe toujours des pays où les mutilations génitales féminines sont presque universelles et où au moins neuf filles et femmes sur dix âgées de 15 à 49 ans ont subi une excision, alors qu’elles ne concernent pas plus de 1 % des filles et des femmes au Cameroun et en Ouganda [23].
La violence à l’égard des femmes dans la vie publique
- Dans cinq régions du monde, 82 pour cent des femmes parlementaires ont indiqué avoir déjà subi une forme de violence psychologique au cours de leur mandat. Il s’agit notamment de commentaires, gestes et images à caractère sexiste, ou contenant une référence sexuelle humiliante, ainsi que des menaces et des intimidations collectives. Les députées ont cité les réseaux sociaux comme vecteur principal de ce type de violences et près de la moitié (44 pour cent) ont signalé avoir reçu des menaces de mort, de viol, d’agression ou d’enlèvement dirigées contre elles ou leur famille. Enfin, 65 pour cent ont fait l’objet de remarques sexistes, principalement de la part de leurs collègues parlementaires masculins [24].
- Une enquête mondiale a révélé que 73 pour cent des femmes journalistes avaient subi des violences en ligne. 20 pour cent ont déclaré avoir été attaquées ou agressées hors ligne en relation avec la violence en ligne dont elles avaient été victimes. Les thématiques les plus couramment associées à une recrudescence des agressions sont le genre (49 pour cent), suivi de la politique et des élections (44 pour cent) et des droits humains et de la politique sociale (31 pour cent) [25].
Notes
[1] Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (2014). Violence à l’égard des femmes : une enquête à l’échelle de l’UE, p. 104.
[2] ONU Femmes (2021). Violence against women in the online space: Insights from a multi-country study in the Arab States.
[3] Bureau de statistique de l’Ouganda (2021). National survey on violence in Uganda. Module I: violence against women and girls.
[4] Commission nationale des droits humains de la Corée du Sud, Sung Soo Hong et al. (2017). The situation of hate speech and regulatory measures to combat hate speech.
[5] GBV AoR Helpdesk (2021). Climate change and gender-based violence: What are the links?
[6] Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (2017). Horn of Africa: A call for action.
[7] ONU Femmes (2020). Climate change, gender equality and human rights in Asia: Regional review and promising practices.
[8] Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et ONU Femmes (2023). Gender-related killings of women and girls: Improving data to improve responses to femicide/feminicide.
[9] Organisation mondiale de la Santé (2021). Violence against women prevalence estimates, 2018.
[10] ONU Femmes (2021). Mesurer la pandémie de l’ombre : la violence à l’égard des femmes pendant la pandémie de COVID-19.
[11] Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (2015). The world’s women 2015: Trends and statistics, p. 159.
[12] Groupe de la Banque mondiale (2023). Les femmes, l’entreprise et le droit 2023.
[13] ONU Femmes (2021). Research brief: Intimate partner violence in five CARICOM countries: Findings from National Prevalence Surveys on violence against women.
[14] ONU Femmes (2012). Estimating the cost of domestic violence against women in Viet Nam.
[15] Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques et le Conseil national pour les femmes, République d’Égypte, avec le FNUAP (2015). The Egypt economic cost of gender-based violence survey.
[16] Haut-Commissariat au Plan Maroc (2019). Rapport sur les violences faites aux femmes et aux filles. Enquête Nationale sur la Violence à l’Encontre des Femmes et des Hommes.
[17] [17] Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (2021). The costs of gender-based violence in the European Union.
[18] Organisation mondiale de la Santé (2021). Violence against women prevalence estimates, 2018.
[19] UNICEF (2017). Un visage familier : la violence dans la vie des enfants et des adolescents, p. 73, 82.
[20] ONUDC (2022). Global Report on Trafficking in Persons 2022, p. 25, 33.
[21] Secrétaire général des Nations Unies (2023). Point sur les objectifs de développement durable : vers un plan de sauvetage pour l’humanité et la planète. Rapport du Secrétaire général (édition spéciale).
[22] UNESCO (2019). Au-delà des chiffres : En finir avec la violence et le harcèlement à l’école, p. 25-26, UNESCO.
[23] Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de statistique (2020). Achieve gender equality and empower all women and girls.
[24] Union interparlementaire (2016). Sexisme, harcèlement et violence à l’encontre des femmes parlementaires, p. 3.
[25] UNESCO (2022). The Chilling: global trends in online violence against women journalists; research discussion paper.
[Page actualisée le 21 septembre 2023.]